Flipper en solo

Cesare revenait tout juste des culinae où il avait grignoté un petit morceau. Pourtant il avait bien mangé ce midi, il avait aussi pris un bon petit déjeuner. Pourtant passé 17h il avait eut faim. Et vu qu’il n’avait plus cours de la journée il avait décidé de tout simplement passé aux cuisines pour se remplir ce creux qu’il avait au fond de l’estomac. Et puis ça lui permettait aussi de se balader un peu dans toute l’école, chose qu’il n’avait pas souvent l’occasion de faire au vue de son emploi du temps très chargé. Bon ce n’était rien comparé à celui de son frère, Costantino, qui était en dernière année et qui avait en plus ses examens à taffer. Même si il ne semblait pas taffer bien plus que ça en fin de compte… C’était énervant d’avoir un frère qui arrivait à tout faire tout le temps sans mal des fois… T.T Enfin bon, Cesare était loin d’être studieux, mais il était loin de pouvoir s’en tirer sans bosser comme son grand frère. De toute manière Costantino était trop fort de partout. xD Mais bon, c’était son grand frère quoi, Cesare ne pouvait pas s’empêcher de le trouver parfait sous tout les angles. Si ça se trouvait… Raff le trouvait parfait sous tous les angles aussi ! Hihihi, cette simple idée le fit sourire en se disant qu’après tout lui aussi était un grand frère, et que si ça se trouvait lui aussi il avait la classe internationale pour son petit frère.
Le jeune homme sortait donc à peine des culinae où il avait eut tout le loisir de déguster une bonne tartine à la confiture doublé d’un capuccino. Mais vu qu’il n’aimait pas spécialement trainer à ne rien faire, le jeune homme, une fois son casse croûte finit, c’était levait pour prendre ses clic et ses clac et pour aller… Il ne savait pas du tout où ça. C’était tout le problème quand on avait du temps à soi… On ne savait jamais quoi en faire ! Cesare se retrouva donc dans l’atrium, les mains dans les poches et le regard un peu perdu. Il détestait s’ennuyer en fait. T.T Il ne se considérait pas comme quelqu’un d’ultra actif, mais il aimait avoir toujours quelque chose à faire. Son cerveau chercha pendant un moment un loisir quelconque à assouvir. Puis il finit par se dire qu’il pouvait tout simplement aller glander au foyer. Il partit donc d’un pas tranquille vers la bibliothèque.
Cesare n’allait jamais dans le domus d’Horace pour s’instruire, ou alors seulement avant les exams. De toute manière les lotte avaient surtout de la pratique à leur programme donc des bouquins ne leur servaient pas souvent. Mais le jeune homme y allait souvent avec Lorenzo pour faire une partie de billard, ou pour dégommer tout les scores au flipper. D’ailleurs ils étaient devenus très forts à force de s’amuser dessus. Comme quoi des fois il en fallait vraiment peu. Là, Cesare ne pouvait pas encore dire ce qu’il allait faire au foyer, mais il espérait qu’il y ait assez de gens pour pouvoir faire une partie de billard. Le lotte en avait fait beaucoup dernièrement et pour cause, il avait fait tellement moche dehors qu’ils avaient dû trouver à s’occuper dedans. Non pas qu’il soit frileux, mais après 2 heures passées dehors à s’entrainer au quidditch dans un froid polaire, il avait apprécié de glander dans la chaleur du foyer.
Il atteignit bien vite ce qui était l’un des lieux préféré des élèves d’Aurora, et il constata avec plaisir qu’ il y avait quelques personnes qui glandaient tout comme il avait prévu de le faire pour la prochaine heure à venir. Le jeune homme détailla un peu toute les têtes de l’assistance et il ne s’arrêta sur aucune vu qu’elles ne lui disaient absolument rien. Il décida donc d’abandonner l’idée du billard pour se rattraper sur une partie de flipper en solo. Cesare se dirigea donc sur un flipper dont le thème était le quidditch et qui l’accueillit d’ailleurs avec un vif d’or qui vint lui tourner autour. Le jeune homme le regarda faire et n’essaya même pas de le prendre car il savait très bien que ce n’était pas possible… Ils avaient déjà assez essayé avec Lorenzo, et ils s’étaient assez tapé la honte comme ça ! xD Enfin bon, le jeune homme se mit à jouer tranquillement tandis que derrière lui claironnait une musique joyeuse et entrainante. Il ne savait pas qui chantait, mais c’était pas mal.

Et Cesare, comme à son habitude, était d'un abrutissement total. En effet, il ne s'agissait pas de quelqu'un qui chantait mais d'Astrid, dans la salle de lecture d'à côté qui s'était mis à jouer de la flûte traversière pour embêter, très clairement, l'espèce de cruche qui servait de bibliothécaire. Dès qu'elle entendit les talons arriver, elle se stoppa, prit son étui et fila. Elle entra en trombe dans le foyer et referma la porte. Son regard fit très vite le tour de la salle, avant qu'elle se remette droit et qu'elle sourit à quelques personnes. Les apparences d'abord... Stature droite. Air fier. Menton relevé. Sourire presque aimable, vu qu'il y avait certaines personnes qu'elle connaissait plus ou moins. Elle avança rapidement, ses talons tapant le sol, son physique frêle se balançant de droite à gauche pour offrir une belle vue à ceux qui s'en donnaient la peine. Et alors que la jeune fille atteignait un coin reculé, la bibliothécaire ouvrit la porte pour jeter un œil. Le nombre d'élèves présents et le bruit qui en ressortait la fit très vite fuir. Un sourire satisfait s'afficha sur les lèvres de la jeune fille, alors qu'elle s'asseyait, droite, pour ranger sa flûte dans son étui. On dévisse lentement, relevant la tête pour émettre un petit sourire charmant en direction du garçon qui te dévore des yeux, puis on range la flûte.

Elle s'approcha du garçon, de sa démarche charmeuse, et à sa hauteur, elle demanda d'une petite voix.
¤ Tu vas me surveiller ma flûte, petit chien? ¤

A.B "Dis moi, tu peux surveiller mon instrument de musique?"

Un autre sourire et il accepta sans concession. Astrid lui déposa un baiser à la commissure des lèvres et lui susurra un "merci" avant de lui laisser l'étui et d'avancer dans la pièce. Il n'y avait personne d'intéressant de libre jusqu'à ce que son regard se pose sur Cesare. Cesare Di Lucciano. Elle vit alors un billard libre et, attrapant au passage une queue (de billard), elle s'approcha du jeune homme.
¤ T'as assez de c***lles pour te mesurer à moi, ou tu préfères te complaire en solo? ¤

A.B "Alors Lucciano, tu ne veux pas te mesurer à moi?"

Un sourire sarcastique se dessina sur ses lèvres.

A.B "À moins que tu aies peur d'une simple fille? Une Belmonte en plus..."

Son regard sondait le jeune homme qu'elle trouvait réellement laid. Par contre, il avait un charme naturel. Mais elle le haïssait, c'était ainsi. Alors, autant utiliser, ses aptitudes pour calculer plus rapidement au billard et le battre, donc l'humilier.

La jeune n'eut pas beaucoup de temps à attendre pour avoir sa réponse. Cependant, ce temps fut nécessaire à une huître de faire la reconnection avec son cerveau. Que voulez-vous? Il ne fallait pas trop en demander à un Lucciano. Lucciano oui, pas di Lucciano. Si elle savait qu'il avait failli lui dire. Elle ne disait pas di Lucciano pour deux raisons: Premièrement, les Lucciano avaient acquis leur titre de noblesse d'une façon peu recommandable, même pas besoin de connaître leur histoire pour le savoir. Deuxièmement, ils l'avaient acquis certainement sous les Bourbon-Deux Siciles, ou le Royaume qui a succombé aux Piémontais, son territoire à elle. Ainsi, elle ne reconnaissait pas ce soit-disant titre. Et, de plus, les privilèges avaient été abolis, et la royauté n'existait plus depuis longtemps. Il fallait se mettre au goût du jour. La plupart des grandes familles avaient su enlever la particule mais les Siciliens, comme d'habitude, montraient leur fabuleuse aptitude à avoir un train magique de retard, et le Q.I d'une huître.

Bref, dans ce climat de jovialité et de gaieté, nous rappelant sobrement le pays des pokemons, la réponse du jeune homme, presqu'attendue par la jeune fille, fut.

C.L "Non."
¤ Espèce de petit avorton lâche, tu as peur de te mesurer au génie? ¤
A.B "C'est bien ce qu'il me semblait... De la peur..."

Un petit sourire en coin s'afficha sur son visage alors que le jeune homme semblait lutter avec le flipper pour rester parfaitement concentré. Amusant. Quand elle reprit la parole, le Lucciano perdit et un petit son de rire cristallin contenu sortit des lèvres tentantes de la toute aussi tentante Astrid. Il se retourna face à elle pour la jauger. Elle garda alors son air crâne et fier. Une Belmonte ne se pliait pas devant un vulgaire Lucciano.

C.L "Non, c’est tout le contraire, ça manquerait de challenge. Ca serait trop facile, le flipper me donne bien plus de fil à retordre que toi."
A.B "Regarde, ma seule présence te trouble... Je comprends mieux ton refus. Tu préfères t'enterrer dans un jeu où tu es sur que tu ne seras pas humilié par une fille plutôt que de réellement affronter une adversaire. Le monde de l'imaginaire est illusoire Lucciano, gare à toi si tu ne veux pas finir par le rejoindre."

Elle avait tout débité de sa voix claire et assurée, sa position maintenue par la main posée sur la queue de billard. In fact, elle n'était pas appuyée dessus, non, une femme de son rang ne se tenait que grâce à sa stature, mais cela lui donnait un air encore plus assuré. Si il finissait par accepter, elle était sur de gagner. Il ne pourrait pas calculer aussi vite qu'elle. C'était bien un jeu où elle s'était entraînée à utiliser ses capacités.

Si ce genre d'altercations gentilles faisaient rire faisaient rire Cesare di Lucciano, c'était aussi le cas pour Astrid, qui était justement venu le voir pour s'amuser un peu, c'est-à-dire mettre fin à un ennui possible, voire probable. Il n'était qu'un divertissement comme un autre. Moindre que la littérature. Plus élevé qu'un puzzle, car donnant plus de fil à retordre, il divertissait. Et elle était sure qu'au fond de lui, il aimait ce genre de discussion, car la répartie du petit génie ne le laissait jamais tranquille. Et malgré son aspect calme tout le temps, Astrid était sure que Cesare aimait avoir un peu de piquant dans sa vie de temps à autres. Quant à l'observation corrompue de la jeune fille, elle ne parlait que de peur pour le titiller, vu qu'il ne répondait pas à ses appels. Mais autant l'observation n'était pas le truc des Belmonte, l'intelligence n'était pas celui des Lucciano. Dommage, on ne peut pas tout avoir dans la vie.

C.L "Oui, tu as raison, je suis pétrifié de peur à l’idée de te battre au billard. Vraiment, j’en suis effrayé."
¤ Ah! Tu avoues enfin! ¤
A.B "Que veux-tu? La peur a ses raisons que la raison-même ne connait pas."

Détourna-t-elle avec un petit sourire en coin. Oui oui, ce dialogue était de plus en plus amusant.

A.B "Si tu es si sur de me battre... Pourquoi ne pas humilier mon orgueil démesuré devant tant de personnes?"

Demanda-t-elle avec un faciès d'intrigue factice. ¤ Je me demande. Je me demande. Ouh ça me casse la tête de réfléchir. C'est si dur que ça pour un Lucciano? ¤ Quant au trouble qu'elle lui apportait... Elle ne l'avait que conclu grâce à l'observation du fait qu'il avait perdu bêtement alors qu'elle était à côté de lui. Observation. Conséquence. Simplement.

C.L "Le truc Astrid, c’est que tu n’es pas un adversaire, tout du moins, tu n’en es pas un de taille. Retourne dans un placard avec un gars quelconque, tu resteras dans ton domaine de compétence comme ça."
A.B "Hm... Très fin petit Lucciano... Tu la prépares depuis longtemps celle-ci?"

Son petit sourire en coin s'agrandit alors qu'elle rajoutait avec son petit ton sardonique.

A.B "Je savais qu'un chien de Sicilien ne serait pas de taille."

Si Astrid était sure que Cesare aimait ses discutions inutiles avec elle, ce n’était pas le cas du lotte. Il n’était pas du genre à aimer passer du temps avec des gens qu’il n’aimait pas, et discuter avec eux faisait partie du « passer du temps ». Il préférait de loin être tranquille, et ne pas avoir à supporter la jeune femme et ces répliques dénuées de sens. Elle venait bien sur, encore d’en faire une nouvelle. C’est quand plus elle l’avait cru quand il avait dit, plein d’ironie, qu’il avait peur d’elle et de son défi au billard. Il en restait ébahi quand à la non compréhension de la classic, pourtant elle était un génie à ce qu’il paraissait, elle pourrait essayer de le montrer de temps en temps tout de même. Cesare se contenta de lui jeter un coup d’œil exaspéré sans ne plus rien ajouter. De toute manière ça ne servirait à rien, Astrid ne comprenait rien de toute manière. Par contre lorsqu’elle réitéra son défi, le jeune homme hésita sur la réponse qu’il allait lui donner. D’un côté si ils faisaient cette partie de billard, elle le laisserait tranquille, de l’autre elle allait le faire chier pendant un bon moment. Grand moment d’hésitation, mais le jeune homme trancha assez rapidement pour finir par lui répondre d’un air supérieur.

Je n’ai absolument pas envie de te faire le plaisir de passer ton caprice. Je trouve ça beaucoup plus marrant de te regarder faire des pieds et des mains pour que je t’accorde une once d’attention. Mais ma pauvre Astrid, tu n’es pas du niveau d’Hermès, à côté de lui, et même de sa stupide sœur, tu n’es rien. Ca fait quoi de n’être comme ombre au fait ? Ca ne doit pas faire du bien à ton ego surdimensionné.

Le jeune homme esquissa un sourire malsain tandis que son regard vert s’était mis à percer celui de la classique. Après tout, ça ne devait pas être bien facile pour elle d’être une petite miette dans l’immensité de ses cousins et de sa cousine. Le lotte pensait avoir touché au bon endroit en parlant de ça. Après il avait peut être tort, mais la conversation avait viré d’un caprice à quelque chose de beaucoup plus intéressant. Mais pas assez pour qu’il délaisse sa partie de flipper. Alors il avait détourné de nouveau son regard vers le jeu, et il continuait à faire vivre la bille et à engranger les points. Loin, voir très très très loin d’être troublé, le jeune homme poursuivait sa partie sous les paroles lourdes et peu finaudes d’Astrid. Cesare conservait encore et toujours ce calme qui lui allait si bien. Il n’avait pas changé cette attitude neutre et je-m’en-foutiste qu’il avait avec absolument tout le monde. Encore une fois peu de personne arrivait à le troubler, à l’énerver… Parmi celles-ci il y avait Natalia, et Harès pour la seconde catégorie. Astrid faisait partie des personnes qui ne servait à rien, c’était pas plus compliqué que cela. Même lorsque cette dernière le traita de chien de sicilien, Cesare ne s’emporta pas. Il en fallait bien plus pour l’énerver de toute manière. Le jeune homme esquissa même un sourire avant de déclarer à son tour.

Dis-moi plutôt merci de t’éviter une honte dont tu n’aurais pas besoin. Déjà que tu n’es pas digne d’intérêt pour ta famille, ils se passeraient surement d’avoir honte de toi.

Non mais vraiment, elle devrait le remercier et il le pensait en plus ! xD Le jeune homme continuait sa partie, sans même regarder la réaction de la jeune femme. Il n’avait pas besoin de la voir, par contre il ne doutait pas de l’entendre.

Apparemment, le Lucciano avait du mal à comprendre l’ironie chez les autres. Il arrivait à s’en servir mais n’avait pas assez de jugeote pour la déceler dans la bouche d’une autre personne. Normal. Elle aurait du s’en douter en même temps. Si ça se trouve, il n’avait même pas remarqué qu’il s’agissait d’une reprise de Blaise Pascal. En même temps, elle avait un peu trop misé sur son vis-à-vis en pensant qu’il avait un minimum de culture, mais il ne fallait pas trop espéré, vu le seul air exaspéré qu’il servait comme réponse à la jeune fille. En même temps, croire qu’un Lucciano ait pu lire les Pensées de Monsieur Pascal était totalement absurde, elle l’avouait. Comme quoi, le petit Sicilien avait raison parfois, elle savait faire preuve de bêtise en sa présence. Une sorte de contagion rapide ? Oh ! Peut-être devrait-elle faire très vite demi-tour pour éviter que cela devienne incurable ! Oh non ! Elle ne voulait pas être affublée de la ‘connerie luccianienne’, maladie pourtant, a priori, génétique et héréditaire, puisqu’ils y avaient tous le droit.

Bref, après un moment de mimétisme de la part du jeune homme, preuve encore de son incompétence à la répartie face à la rhétorique cherchée et soignée de la jeune fille, il se décida enfin à sortir des mots de sa bouche. Articuler les sons.

C.L « Je n’ai absolument pas envie de te faire le plaisir de passer ton caprice. Je trouve ça beaucoup plus marrant de te regarder faire des pieds et des mains pour que je t’accorde une once d’attention. Mais ma pauvre Astrid, tu n’es pas du niveau d’Hermès, à côté de lui, et même de sa stupide sœur, tu n’es rien. Ca fait quoi de n’être comme ombre au fait ? Ca ne doit pas faire du bien à ton ego surdimensionné. »

¤ Quel con ! ¤
Pensa-t-elle. Enfin, un air exaspéré apparut sur son visage. En plus, il radotait. Toujours les mêmes inepties. Elle commençait à croire qu’il souhaitait réellement fuir le défi qu’elle lui avait lancé. Non… Se débinait-il réellement ? Quelle indignité totale pour les Lucciano. Il ne lui manquait plus qu’un amour avec une Varini pour être marqué à vie du seau de la honte familiale. Un petit sourire moqueur s’afficha sur ses lèvres à cette idée.

A.B « Le petit cochon ne sait que trouver divers stratagèmes futiles pour fuir la rencontre avec le loup. Fuis petit animal pendant que le loup n’y est pas… »

Murmura-t-elle d’une petite voix enfantine, s’amusant réellement à ce jeu, mais elle ne resterait pas bien longtemps encore si le cochon continuait à fuir. La confrontation était plus amusante que la chasse pour Astrid. Apparemment pas pour Cesare qui préférait fuir et se faire suivre… Une envie inconsciente de se faire suivre ? De se faire attraper ? De se faire violer ? Des pulsions homosexuelles cachées et refoulées ? Une psychanalyse lui ferait du bien à celui-ci…

C.L « Dis-moi plutôt merci de t’éviter une honte dont tu n’aurais pas besoin. Déjà que tu n’es pas digne d’intérêt pour ta famille, ils se passeraient surement d’avoir honte de toi. »

Un petit rire cristallin s’échappa des lèvres d’Astrid. Celui-ci, elle n’avait pas pu le retenir. Si il savait. Son père n’avait pas du tout honte, -d'ailleurs, il ne faisait jamais attention à elle-, il déplorait quelques fois ces actions un peu débridées, mais c’est tout. Et encore, ‘débridées’, pour son père, c’était ne pas faire les choses en temps et en heure, ou encore ne pas suivre les cours qu’il avait choisi, ne pas donner suite aux prétendants qu’il avait décidé, ne pas mettre les vêtements qu’il avait choisi à une réception. Des choses qu’elle faisait quelques fois pour se faire remarquer par son père qui n’était pas du tout au courant de ces aventures diverses. Ou si peu, il était peut-être au courant d’une ou deux de ces liaisons secrètes, avec tous les gens à son service qui la surveillaient. Elle faisait, il est vrai, des choses plus outrageantes, mais pas en multipliant les partenaires et en se montrant totalement débauchée, elle faisait tout de même parti de la haute société italienne. Son petit jeu était surtout de flirter avec des garçons qui étaient hors de la LPPP, mais elle ne couchait pas systématiquement avec eux. Mais bon, elle n’allait pas dire tout ça à un pauvre Lucciano.

A.B « Je ne remercie ni les lâches, ni les paresseux, dixit Kant. Ils sont la gangrène de notre société. Et tu sembles vraiment bien gangrené.
A force de fuir le courage, tu vas développer une autre personnalité qui voudra affronter les risques. La schizophrénie est proche Lucciano ! Gare à toi… »

Un sourire amusé était empreint sur ses lèvres. Peut-être avait-elle usé de mots un peu trop durs pour lui… Sa prochaine réplique, elle la clarifiera de sorte qu’un enfant de quatre ans, comme l’âge mental de son vis-à-vis puisse la comprendre.